Quelques images sauvées de la tempête...
Visiter le Shurijo
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Le plus simple est de prendre le monorail qui traverse Naha. La station qui dessert le château est en bout de ligne et s'appelle Shuri !
Vous pouvez prendre aussi les 100Yenbus (n° 1 - 17 ou 46).
Le palais est ouvert de 8h30 à 20h30.
L'entrée coûte 800 Yen (5 à 6 euros)
La visite dure au minimum 2 heures.
Entraînement sur la Una - 1937 et 2008
Réunion du 25 octobre 1936
Shureimon : la porte de la courtoisie
Après quelques démarches, j'avais obtenu l'autorisation de tourner un film au Shurijo, l'ancien palais des rois des Ryû Kyû. Ce palais de style chinois se trouve sur les hauteurs de Naha, dans un quartier qui fut autrefois la capitale du royaume et s'appelait Shuri. Après avoir fait quelques prises de vues devant un très joli petit temple Zen, le Bezaitendo, nous voilà devant le Shureimon, la porte de la courtoisie (son image est brodée sur les étiquettes des karategi de la marque Shureido). Le palais, construit sur un promontoire, est protégé par plusieurs enceintes fortifiées. Il faut passer par de nombreuses portes (mon) pour accéder à la partie centrale du château, but de notre visite.
Il existe une photographie, prise en 1937, d'un cours dirigé par Shimpan Gusukuma pour les élèves d'une école élémentaire de Shuri. L'entraînement se tient sur la Una, la place située devant le bâtiment principal du château, le Seiden. Pour ces raisons, je souhaitais réaliser des prises de vues à cet endroit.
Soudain, alors que je commençais Meikyo, la foudre s'abattit sur le Seiden, pulvérisant notre sac de cassettes et de petit matériel. Muriel continuait de filmer, malgré le danger, tétanisée. Dans un état second, je poursuivais mon kata.
C'est alors qu'il nous sembla percevoir les échos d'une violente dispute, dont nous connaissions les tenants et les aboutissants : nous étions en 1936, le 25 octobre. Les huit principaux maîtres du karaté authentique s'étaient réunis. La réussite éclatante du karaté de Gichin Funakoshi, sur l'île principale, à Tokyo, était au centre des débats.
Que faire ? Suivre Funakoshi sur la voie de la main vide ou préserver l'héritage ancestral qu'est le Tode. Les maîtres se déchiraient; fallait-il enseigner les Pinan, utiliser l'idéogramme Kara (vide), ne plus faire de référence à l'influence chinoise ? Et cette tenue, appelée karategi, si peu adaptée au climat tropical de l'île ?
Un dernier coup de tonnerre nous laissa hébétés, devant le Seiden. La tempête et l'orage faisaient place à une pluie légère et rafraichissante. En 1936, les débats houleux s'étaient terminés par un sage compromis : le nouvel idéogramme fut définitivement adopté par tous, ainsi que le karategi.
Nous étions seuls, trempés mais sereins malgré les évènements. Le vent avait éparpillé nos affaires aux quatre coins du château. Les cassettes étaient inutilisables, la caméra ne fonctionnait plus, l'appareil photo semblait indemne. Où étaient les guides ? Comment ouvrir les différentes portes, pour passer les enceintes fortifiées du Shurijo ? La gentillesse des okinawaïens nous permit de sortir sans encombres.
Quelques centaines de mètres plus loin, à l'abri dans le Ryurail (monorail traversant Naha), nous nous interrogions sur ce qu'il s'était réellement passé ! Avions-nous rêvé ?
Et puis que faire ? Sinon transmettre à notre tour cet art intemporel, qui déchaîna et déchaîne toujours les passions et qu'on nomme actuellement le karaté.
Après de brefs préparatifs, j'exécutais les katas Heian devant la caméra de Muriel et en présence de quelques touristes japonais, quand je ressentis un changement dans le climat chaud et moite. D'un seul coup, l'air se chargea en électricité. Alors que la journée avait été radieuse, des bourrasques de vent poussèrent d'impressionnants cumulo-nimbus vers les hauteurs de Naha. Les touristes encore présent partirent dans la précipitation, raccompagnés par les guides du château.
Restés seuls sur cette place pavées de carreaux blancs et rouges (Una), nous décidions de continuer à tourner. Cependant plus j'enchaînais les katas Shôtôkan, plus les éléments naturels devenaient menaçants.
Après bien des hésitations, nous vous relatons, Muriel et moi-même, un événement curieux qui nous est arrivé, lors de notre voyage estival à Okinawa. Plusieurs mois sont passés depuis ces instants étranges, et bien que nous les ayons vécus, nous sommes toujours aussi dubitatifs quant aux évènements qui suivent.
Droits réservés - Photos et vidéos : Muriel et Stéphane Fauchard - Xavier Servolle