Article et tombe d'Itosu sensei
Le bubishi côtoie Bruce Lee
Réunion du 15 octobre 1936
En compagnie de Hokama sensei, 10ème dan Goju ryu
Un symbole connu
La visite se termine. Le maître s'inquiète pour notre retour; le taxi est-il commandé ? En attendant, je l'interroge sur le sigle que sa famille partage avec trois autres familles de l'île (dont celle de K. Mabuni, le fondateur du Shitô ryû). Il nous retrace l'origine du symbole, en 1548, et sa transmission par l'intermédiaire d'une aïeule, membre de la famille royale d'Okinawa, jusqu'à lui.
Il est temps de partir; les calligraphies sont sèches, le taxi arrive. Hokama sensei nous propose une photo souvenir en sa compagnie, devant le kamidana de son dôjô.
Alligato gozamaimashita sensei ! (merci beaucoup sensei).
Un maître calligraphe
Si vous portez un intérêt à la vie des maîtres de Budô, vous avez pu constater que ceux-ci avaient acquis une maîtrise extraordinaire dans un ou plusieurs arts martiaux, mais aussi dans d'autres domaines. Hokama sensei ne déroge pas à cette règle. Il est aussi un expert reconnu en Shôdô, la calligraphie japonaise. Après nous avoir expliqué qu'un bon calligraphe exécute un tracé avec tout son corps et pas seulement sa main. Nous avons déjà entendu ce conseil. Au dôjô peut-être... Certainement ! Il propose de réaliser des calligraphie sur bois, à la demande, contre quelques yens.
Un guide extraordinaire
Lorsqu'il perçoit chez un visiteur, après quelques questions, son intérêt pour l'histoire du karaté, Hokama sensei devient un guide extraordinaire. Il ponctue sa visite de renseignements complémentaires d'une grande précision. « Cette photographie a été prise en 1936, lorsque les principaux maîtres de l'île se sont réunis pour abandonner l'idéogramme kara/to (main de Chine) et ne conserver que l'idéogramme kara (vide). Jusqu'à cette date, les deux écritures étaient utilisées ».
Retour vers le Tode
(nom utilisé au XIXème siècle à Okinawa pour désigner ce que nous appelons aujourd'hui karaté).
Hokama sensei vous propose un thé, qu'il prépare lui-même avec minutie, assis sur des coussins, sur le sol même du dôjô. Il vous invite ensuite à passer à l'étage, pour découvrir les documents et objets qu'il rassemble depuis 40 ans.
Nous ne sommes là que depuis quelques minutes et nous sommes frappés par la gentillesse du maître des lieux. Il est disponible, prêt à expliquer, à préciser l'origine d'un document, à compléter d'une anecdote une photographie. Le musée, petit par sa superficie, est rempli du sol au plafond de divers vestiges et témoignages sur le karaté : une série d'une vingtaine de portraits de maîtres réalisés par Hokama sensei, des livres, de vieilles armes du kobudo, des photographies de Chojun Miyagi, des reproductions de quelques pages de livres de Gichin Funakoshi, un portrait de Gokenki, un maître d'origine chinoise... Parfois un document plus récent, tel cet article de journal reproduisant une photo d'élèves de l'école normale d'instituteurs et d'un de leurs professeurs qui serait le célèbre maître Itosu. Plus loin, une copie ancienne du bubishi (premier document écrit sur le combat à mains nues) côtoie une édition originale de « Chinese kung-fu » de Jun Fan Lee, plus connu sous le nom de Bruce Lee.
Okinawa est le berceau du karaté. Cette île, de 120 kilomètres de long compte plusieurs centaines de dojos. Cependant, il n'existe qu'un seul musée consacré au Karaté (Okinawa Prefecture Karate Museum). Il se situe dans la ville de Nishihara, à quelques kilomètres de Naha, au 147.2 Uehara.
L'entrée, au rez-de-chaussée d'un immeuble récent, vous donne accès au dôjô de maître Hokama, 10ème dan Goju ryû. Il enseigne aussi le kobudo d'Okinawa, qu'il a apprit auprès du célèbre maître Shinpo Matayoshi. Hokama sensei est aussi le fondateur et le conservateur du musée du karaté et nous verrons qu'il possède bien d'autres qualités !
Pour une somme modique, 200 yens, Hokama sensei vous accueille dans son dôjô. Celui-ci, d'environ 100 m2 est en parquet. Il comporte de nombreux rateliers où sont alignés des bô, des tunkuwa (nom okinawaïen de tonfa), des sai, des nunchaku, quelques nunte (sorte de lance) et eku (rame de barque). Des gants de boxe et des casques sont rangés sur des étagères. Les murs sont décorés de photographies et de diplômes.
Droits réservés - Photos et vidéos : Muriel et Stéphane Fauchard - Xavier Servolle