Funakoshi sensei aimait à se recueillir dans ce temple. La stèle à sa mémoire est en face.
La stèle érigée à Kamakura
Deux pins plantés en souvenir de Shoto et de son fils
Stèle commémorative à Oyonama - Naha
Un temple Zen
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Les dernières années de la vie de Funakoshi sensei sont jalonnées par la mort des êtres qui lui sont chers. Durant les années de guerre, outre la perte de son dôjô, le Shôtôkan, de nombreux élèves meurent au combat. En 1945, son fils Gigo qui a pris à sa charge les cours, décède de la tuberculose. En 1947, sa femme qui l'a rejoint deux ans auparavant s'éteint à son tour, rongée par un asthme dévastateur.
Funakoshi sensei s'enfonce peu à peu dans une profonde mélancolie. Plusieurs fois par semaine, il prend le train pour Kamakura, à près de deux heures de Tokyo. Il descend à la petite gare de Kita Kamakura puis marche jusqu'au temple Engakuji. Et là, il passe de longues heures à méditer.
Onze ans après son décès, en 1968, l'association Shotokaï fit ériger une stèle à sa mémoire, dans les jardins du temple Engakuji qu'il appréciait énormément. A l'ombre d'un arbuste, ce monument de petite taille, sobre, reprend la maxime favorite du Maître : Karate ni sente nashi.
Tokyo – Japon
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Alors que l'île principale d'Okinawa ne compte qu'un ou deux dôjô de style Shôtôkan, la situation est beaucoup plus favorable à Tokyo. C'est dans cette ville que Funakoshi sensei s'est installé, qu'il y a fait ses premières démonstrations, donné ses premiers cours. Son portrait est bien présent dans les dôjô, non loin du kamidana. Ses écrits, par contre, restent introuvables, même dans les très grandes librairies tokyoïtes.
Nul n'est prophète en son pays...
Deux pins
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Dans un parc au nord-est de Naha, une association Shotokai a aussi rendu un hommage émouvant à Funakoshi sensei et à son fils Gigo (Yoshitaka en japonais). Elle a fait planté en bordure d'un espace gazonné, deux pins. Rien d'ostentatoire n'indique ce lieu particulièrement difficile à trouver. Seuls deux poteaux blancs, recouverts d'idéogrammes donnent quelques renseignements. La quiétude de ce lieu paisible est un bel hommage aux deux pionniers du Karaté au Japon.
Une stèle et un jardin
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Renseignements pris auprès de Miguel Da Luz, pas plus de Tominakoshi que de Funakoshi. Un seul monument dans l'île rend hommage au Maître. A l'initiative d'un de ses anciens élèves, Meityo Tatetsu, une souscription a été lancée, plus particulièrement en Californie. Une stèle, reprenant le 2ème kyokun, Karate ni, sente nashi, a été inauguré à Naha en 2005. Elle est installée non loin du Budokan, dans le quartier d'Oyonama qui était au siècle dernier une île couverte de pins. Funakoshi sensei aimait tellement s'y promener, bercé par la brise, qu'il en fit son nom de plume Shôtô (le souffle du vent dans les pins).
Funakoshi ou Tominakoshi ?
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Les japonais, et plus particulièrement les maîtres du karaté okinawaïen, ont souvent joué avec les idéogrammes. Pour une prononciation identique, ils utilisaient des idéogrammes différents. Ainsi, ils changèrent le kanji Kara (Chine) par un autre kanji Kara (vide) et donnèrent un sens différent au mot Karaté. Il faut savoir que les kanjis utilisés au Japon viennent de Chine. Dans la langue japonaise, ils peuvent se prononcer à la chinoise ou à la japonaise. Si à cela, vous ajoutez la prononciation en dialecte okinawaïen, vous percevez les nombreuses possibilités et erreurs qui peuvent être commises par un profane.
C'est pour ces raisons que le nom Funakoshi se prononçait aussi Tominakoshi sur l'île d'Okinawa. Or actuellement, son nom s'écrit avec deux kanji, de prononciation identique mais de sens différents. Apparemment, le maître a changé la façon d'écrire son nom alors qu'il était installé au Japon. Et c'est un clin d'oeil qu'il a fait à ses lecteurs puisque son nom, nouvellement calligraphié (船 越), fait référence à un long voyage en bateau. Pour venir à Tokyo, nous n'en doutons pas !
Où est-il ?
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Lors de notre premier séjour à Okinawa, ce n'est qu'au bout d'une dizaine de jours que nous prenons conscience de l'absence de référence à Funakoshi sensei. Alors qu'en Europe sa photo est omniprésente, nous ne trouvons rien sur lui, hormis son livre "Rentan Goshin Tode Jutsu" disponible au magasin Shureido. Cette réédition, dans un petit format, présente des photos trop peu contrastées, très loin de l'excellente qualité des ouvrages du Maître édité en France par Budo Editions.
Dans la plupart des dôjô Shôtôkan en France et en Europe, le portrait en seiza de Maître Funakoshi est accroché généralement au mur principal. Premier style de karaté introduit en Europe par Henry Plée, le Shôtôkan a une place hégémonique. Il représente 75% des pratiquants en France. En sa mémoire, le premier des saluts (shomen ni rei) est effectué dans sa direction. Lorsqu'un élève débutant demande qui est le vieil homme sur la photo, il lui est généralement répondu que Funakoshi sensei est le père du karaté moderne, présentation qui n'a pas beaucoup de sens et qui est même fausse. Il serait plus juste de reconnaître qu'il est celui par qui le karaté s'est implanté au Japon. Ensuite, après sa mort en 1957, ses héritiers et plus particulièrement ses successeurs au sein de la J.K.A. ont diffusé le karaté Shôtôkan dans le monde entier.
Droits réservés - Photos et vidéos : Muriel et Stéphane Fauchard - Xavier Servolle